L’adaptation théâtrale de Si c’est un homme de Primo Levi :
L’adaptation théâtrale
Une cinquantaine d’acteurs de nombreuses nationalités (Italien, Français, Allemands, Polonais, Hongrois…) sont nécessaires pour recréer la « Babel » concentrationnaire que tous les témoignages relatent et à laquelle Primo Levi consacre de nombreuses pages dans Si c’est un homme et dans son dernier essai, Les Naufragés et les rescapés.
On remarque la présence d’un même souci d’authenticité dans La dernière étape, le premier film de fiction sur Auschwitz de la réalisatrice Wanda Jakubowska, sorti sur les écrans européens en 1948. Mais contrairement à la plupart des réalisations cinématographiques, la mise en scène théâtrale reste très sobre. Pas de réalisme mimétique qui ferait croire que le spectateur serait face à un « vrai » camp. Levi bannit d’emblée cette illusion. Il ne cherche à rendre l’espace scénique ressemblant qu’au minimum.
Le camp est peu représenté (pas de miradors, pas de barbelés, pas de chiens) et les SS n'apparaissent pas en scène : leurs ordres sont diffusés par des haut-parleurs. Le décor est dénudé. Quelques châlits quand les déportés sont au Revier (l’infirmerie). Quelques échafaudages quand ils sont sur le chantier.
Levi cherche à éviter des représentations directes de violences. Il n’y aura pas non plus de scènes de bastonnades par des Kapos, comme cela arrivait quotidiennement au camp, moment de violence qui tournait régulièrement à de véritables mises à mort. Pas de réalisme émotionnel par lequel le spectateur serait noyé par l’émotion. Les déportés ne sont pas représentés comme des victimes. Une des maximes que suit la réécriture théâtrale de Se questo è un uomo est de ne jamais faire que le jugement du spectateur puisse être perturbé par l’émotion.