Primo Levi : Si c'est un homme
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Texte : Extrait 14 (La grande sélection)

Cet extrait décrit le second type de « sélection » qui avait lieu au camp. Avec le premier type, comme cela est montré au début de la pièce et raconté au début du récit standard, il s’agissait d’assassiner un maximum de Juifs dès l’arrivée de leur convoi, le reste étant dirigé vers le camp de travail (comme le fut Primo Levi). Le second type de « sélection » consistait à repérer les détenus qui n’étaient plus productifs, parce que généralement trop faibles, pour les assassiner dans les chambres à gaz.

La lumière baisse sur le chœur et en même temps apparaît sur la scène. L’intérieur de la salle d’eau. En scène, Aldo, Alder, Alberto, Piotr et Resnyck.

ALDER (Terminant une phrase) – Hiver veut dire encore autre chose.

ALDO (Avec appréhension) – Qu’est ce que tu entends par là ?

ALDER – Je ne sais pas, pas précisément. Entendu dire. Tu sais, deux grandes tentes sur la Place de l’Appel.

ALBERTO (S’approchant) – Les tentes des Hongrois?

ALDER – Oui, celles du mois d’août, pour les deux mille Hongrois, les derniers arrivés.

ALBERTO Eh bien.

ALDER (Avec un geste) – les descendre.

RESNYCK (S’approchant) – Oui, moi aussi, entendu dire.

ALDO – Et les deux mille Hongrois?

ALBERTO – Comment vont-ils les installer dans les baraquements? Nous sommes déjà deux par couchette !

ALDER – Justement. Les Allemands n’aiment pas ça. Ils aiment l’ordre ; les choses en règle. Ils vont faire quelque chose.

PIOTR – Selekcja ?

SZANTO (Il entre, parlant avec animation à Flesch) - Selekcja

UN HONGROIS – Vàlogàtàsok... Vàlogàlàsok lesznek hamarosan.


Tous se retournent brusquement. Elias entre et s’approche du groupe d’un air indifférent.


ALBERTO – Qu’est ce qu’il y a ? Qu’est ce qu’ils disent ?

RESNYCK – Selekcja, sélection. Ils ont déjà commencé à l’hôpital.

FLESCH (qui a entendu, les voyant, très réticent) – Oui, à l’hôpital : la moitié des malades, hier. Il fait un signe, portant sa main vers le haut.)

ELIAS (Avec un rire grotesque) – En marche vers la cheminée !

ALDO La moitié des malades ? Et aussi la moitié de nous ?

ALDER – Peut-être moins. Parmi les biens portants, dix pour cent, j’ai entendu.

ALDO – Quand ?

JEAN (il entre précipitamment. Inquiet) – Vous avez entendu ? La cheminée de Birkenau fume sans interruption depuis dix jours.

ALBERTO (insistant) – Quand ?

ALDER – Personne ne peut le savoir. Demain, ou dans une semaine, ou jamais, ou dans une heure.

SONNINO (entrant, essoufflé) – Sélection, vous avez entendu ? Une tuile ! Mais vous savez ce qu’on m’a dit ? Le Saint Siège, par la Croix Rouge Internationale... En somme, je ne peux pas vous en dire plus... (Puis, solennel) Mais on m’a assuré que pour nous, les Italiens, il n’y a aucun danger.

FLESCH (serein objectif) – Ne te fais pas d’illusion, l’Italien : devant la sélection, nous sommes tous égaux. (Ironique) Les Allemands font ça avec sérieux, soigneusement.

ALBERTO (hésitant) – Il n’y a aucun moyen de ...

FLESCH (l’interrompant) – Aucun. Se préparer. Se préparer à garder la tête haute. Avoir du courage. Ca ne change rien, mais un homme doit avoir du courage.

018 (vieux, entre, et s’adresse à Adler) – Dis, ils vont me prendre ?

ADLER (le prend par l’épaule, et le palpant, pour sentir s’il est gras, puis le fait tourner sur lui-même. Faiblement convaincu) – Non, pas cette fois-ci. Tu ne vas pas trop mal. S’ils t’interrogent, ne dis pas la vérité ; dis quarante-cinq ans. Rappelle-toi, marche bien, droit... Le plus que tu peux. Fais un effort, juste pour un moment.

JEAN (intervenant) – Tu veux un conseil ? Fais-toi raser.

018 – Maintenant, et par qui ?

JEAN – Oui, maintenant, tout de suite. Va chez Askenazi, celui qui rase en cachette. Tu t’en tires avec une demi-ration de pain. (018 hausse les épaules ; il le secoue, et l’entraîne vers la sortie) Allez, vite, dépêche-toi. La barbe, c’est important. Et n’aie pas peur. (018 sort par le fond. Jean, revenant vers les autres, secoue la tête) Il est foutu le vieux. Il n’a rien à espérer. Mais il fallait bien lui donner du courage. (Incertain, il se regarde, se palpe la poitrine, les bras, les mollets) Et moi, alors ?

ALDO – Mais non, toi, tu es jeune. S’ils choisissent aussi les jeunes comme nous, à quoi bon faire une sélection ? Ils videraient le Lager, et on n’en parlerait plus. (Flesch s’approche en silence. Aldo, s’apercevant de Flesch, qui est âgé, s’arrête brusquement et, avec embarras, essaie de s’en tirer) D’après moi, ils ne prendront que les malades... (Regardant Flesch avec intention) pas ceux qui peuvent travailler.


Resnyck et Adler, à l’écart, contrôlent leur forme physique, échangeant des signes d’approbation.


SIGI (il entre en courant, rayonnant) – Vous connaissez la nouvelle ?

ALDO – Quoi ?

JEAN – C’est renvoyé ?

ALBERTO – Je l’avais toujours pensé, que ça ne pouvait pas être vrai !

SONNINO – Qu’est-ce que je vous avais dit? Tous, sauf Flesch qui reste à sa place, font cercle autour de Sigi.

SIGI (encore haletant) – Ce n’était pas une sélection pour la chambre à gaz ! C’est pour Jaworszno !


SONNINO – Jaworszno ?

SIGI – Oui, pour le camp de convalescence. Flesch, resté à sa place, secoue la tête d’un air incrédule. Dans le haut-parleur, le bruit souvent répété et obsédant de la cloche du camp. Tous restent silencieux, comme pétrifiés. Après quelques secondes, brusque obscurité sur scène.

1ère VOIX D’ALLEMAND – Blocksperre! Alle ausziehen !

2ème VOIX D’ALLEMAND – Zettel ver teilen.

3ème VOIX D’ALLEMAND – Vorbereiten für die Selektion.

1ère VOIX D’ALLEMAND – Jeder Soll vor der Kommission laufen !

2ème VOIX D’ALLEMAND – Zettel an die Kommission ausgeben.

3ème VOIX D’ALLEMAND – Schnell! Marsch! Los! Los !


Les trois voix d’Allemands parviennent par haut-parleurs. Après la première réplique de la seconde voix d’Allemand, sur scène, un rayon de lumière illumine une portion circulaire vers la fosse, du côté droit. Hors de l’obscurité environnant, les prisonniers sont brutalement poussés dans le cercle illuminé par trois Kapos, chacun s’aidant d’une matraque de caoutchouc. Chaque prisonnier tient à la main sa fiche, un carton jaune de la taille d’une carte postale. Les répliques brutales des Kapos se mêlent aux voix des haut-parleurs.


1er KAPO (poussant, et assénant des coups de matraques) – Los, los!

2ème KAPO – Antreten!

3ème KAPO – Schnell! Zettel hochhalten!


Les voix d’Allemands se taisent. On entend pendant quelques instants le murmure confus des prisonniers qui se poussent; puis un autre rayon de lumière éclaire un cercle au centre duquel se trouvent deux fonctionnaires : celui de droite est le docteur ; il est habillé en Häftling, mais sur la tenue, il porte une chemise blanche de médecin, avec un numéro et une étoile juive, cousus à gauche, sur la poitrine. L’autre celui de gauche, a un pantalon de Häftling, une veste noire de coupe militaire, un béret noir. Lui aussi a un numéro cousu sur la poitrine, à gauche, et un triangle vert.


1ère VOIX D’ALLEMAND (dans le haut-parleur, très fort ) – Ruhe! (Le murmure des prisonniers et les hurlements des Kapos cessent soudain. Première voix d’Allemand, dans le haut-parleur, mais basse) Losgehen.


Les trois Kapos se placent côte à côte, se tournent vers le public, près du groupe des prisonniers. Un par un, le Kapo le plus proche les pousse en direction de la commission. Quelques-uns vont sans opposer de résistance, d’autres sont récalcitrants, et essaient de se réfugier dans la masse de leurs compagnons : alors le Kapo intervient, aidé des deux autres. Chaque prisonnier marche de droite à gauche, exécute un « per fila dest » militaire, passe dans le rayon de lumière, devant la commission. On entend alors, dans le haut-parleur, la première voix d’Allemand qui ordonne de quel côté le prisonnier doit donner sa fiche : « Rechts », à droite, ou « Links », à gauche. La proportion sera d’environ six à droite pour quatre à gauche, sur dix fiches, naturellement sans ordre préétabli, mais selon les conditions physiques de chaque prisonnier. Chacun, obéissant à l’ordre donné, remet sa fiche à l’homme de gauche, ou à celui de droite. Tous les prisonniers s’efforcent de parcourir ce trajet d’un pas agile et énergique, la poitrine bombée et la tête haute. Certains y parviennent avec un certain naturel : parmi ceux-ci, Aldo. Jean, Aldo, Sigi, Elias, Resnyck, Adler, Goldner, Szanto. D’autres par contre, ne parviennent pas à cacher leur mauvaise condition physique, et parmi ceux-ci 018, Sonnino, Flesch, Le chanteur, Sattler, Beppo, Kuhn, Walter. Les prisonniers défilent à un rythme rapide : un toutes les trois secondes. La séquence se déroule dans un silence total, interrompu uniquement par la voix du premier Allemand, dans le haut-parleur. Beppo, après quelques passages, s’arrête, interdit, hésitant, dans le rayon de lumière, devant la commission.


1ère VOIX D’ALLEMAND (dans le haut-parleur) – Links ! (Beppo, qui ne comprend pas, tend sa fiche à droite, au docteur qui tourne la tête d’un air interrogateur vers l’extérieur, c’est-à-dire vers le point d’où provient la voix du SS dans le haut-parleur. Première voix d’Allemand, dans le haut-parleur, froidement) Nein, Links, habe ich gesagt.


Le docteur passe la fiche au Kapo de gauche, celui qui est vêtu de noir, tandis que le prisonnier s’éloigne. Le passage continue : à partir du vingtième prisonnier environ, les lumières baissent progressivement sur la scène, tandis qu’en même temps augmente le volume de la voix allemande, dans le haut-parleur, jusqu’à produire des sons incompréhensibles et assourdissants. L’intérieur de la baraque. Deux échafaudages de trois couchettes. La lumière découvre d’abord Beppo, qui est étendu sur la couchette supérieure de l’échafaudage de droite : il est immobile, il regarde fixement le vide. Puis Sattler qui, assis dans l’espace compris entre les deux échafaudages, est tranquillement en train de ravauder sa chemise, puis Sonnino, assis à l’écart, la tête entre les mains, puis, peu à peu, Alberto, Flesch, Aldo, Jean, 018 et Sigi. Tous sont silencieux et immobiles, regardant à terre, comme se méfiant les uns des autres, assis sur les couchettes, les jambes pendantes. En dernier, la lumière découvre les vieux Kuhn, qui à son béret sur la tête ; il occupe la couchette supérieure de l’échafaudage à gauche. Maintenant, toute la scène est éclairée.

ALDO (assis près d’Alberto, à voix basse, avec embarras) – Toi ?

ALBERTO (les yeux tours baissés, avec lassitude) – A droite.

ALDO – Moi aussi.

ALBERTO (après un silence) – Pourquoi ? Qu’est-ce que nous avons fait pour mériter d’être sauvés.

JEAN – D’être sauvés? Pour combien de temps ?

ADLER – Deux mois, un mois ; peut-être même pas. Jusqu’à la prochaine sélection.

ALBERTO – Il vaut mieux ne pas y penser. Aujourd’hui, nous sommes vivants. Il faut apprendre à ne pas penser au lendemain.

ALDO (faisant un signe de tête, vers le haut) – Je ne peux pas les regarder.

ALBERTO – Sattler est en train de ravauder sa chemise. Il ne sait pas l’allemand.

ALDO – Il n’a rien compris. La chemise... il ne sait pas maintenant, il n’en aura plus besoin. (Sonnino est toujours à l’écart, assis par terre, la tête entre les mains ; il sanglote. Aldo, à voix basse...) Sonnino...


Alberto et Alder se retournent lentement, pour regarder Sonnino qui, sans leur prêter attention, continue à sangloter, comme un enfant, plus fort. Pendant quelques instants, dans le silence général, les pleurs désespérés de Sonnino. Flesch se lève et se présente devant Aldo et Alberto.


ALBERTO – Flesch...

FLESCH (avec une tristesse sereine) – Oui, à gauche. Je suis venu vous saluer. (Alberto, Aldo, Adler et Jean baissent la tête. Silence. Flesch, après un temps d’arrêt) Essayez de vivre. Quelqu’un doit vivre, pour sortir, pour raconter ça. (Il revient à sa place).

JEAN (après un silence) – Si au moins ça servait à quelque chose.

ADLER – Ca ne servira à rien.

ALDO (après un silence) - J’ai honte. J’ai honte, comme si j’étais responsable. (Un silence, puis, cherchant ses mots) Cette offense… (A Alberto, s’échauffant)… ça existe.

Personne ne peut plus… effacer ça, l’enlever. C’est quelque chose qu’on ne peut plus guérir.

ALBERTO – Ca ne peut plus se guérir... (Silence). Jamais rien ne pourra arriver d’assez bon, d’assez juste, pour effacer ça.

JEAN – C’est une dette trop lourde. Il n’y aura plus de justice.

ALDO – Ils ont tout contaminé. Nous aussi. Tout le genre humain. C’est pour ça que j’ai honte. Moi... nous, tu sais nous avions combattu. Nous avions essayé de combattre, de résister. Nous avions de la bonne volonté, mais elle n’a pas suffi.

ALEX (il entre par la gauche, suivi de deux prisonniers qui portent un bidon de soupe) - Essen empfangen! Schüssel heraus !


Tous tirent leur gamelle de sous leur paillasse. Les deux prisonniers mélangent dans le bidon, et s’apprêtent à distribuer la soupe. Les prisonniers se mettent en rang. Alex tient un carton à la main. Sigi passe le premier et reçoit une ration, puis s’en va manger. Jean idem. Flesch se présente, tendant sa gamelle.


1er PORTEUR – Einer von jenen... (Il faut un geste, de la main gauche, pour indiquer qui y va)... nach links gegangen.

ALEX (contrôlant sur le carton qu’il tient à la main) – Ja, stimmt. Er bekommt zweimal.

Le premier porteur donne à Flesch deux rations de soupe. Aldo et Alberto passent. Ils reçoivent chacun une ration et vont manger. Sonnino se présente.

2ème PORTEUR – Der auch.

ALEX – Ja.

Le 2ème porteur donne deux rations à Sonnino. Beppo se présente.

1er PORTEUR – Der auch.

Alex fait un signe affirmatif de la tête. Le premier porteur donne à Beppo ses deux rations. Kuhn se présente, et reçoit une ration. 018 (il se présente et reçoit une ration. Il s’arrête. Attendant, puis timidement, en mauvais allemand) – Herr Kapo, Herr Kapo! Ich Nachschlag. (Faisant un signe avec deux doigts) Ich Selektion.

ALEX (brutalement ) – Was willst du noch ? Du hast schon bekommen, Hau’ ab!

018 (se tournant vers ses compagnons, comme pour demander de l’aide) – Eh? Qu’est ce qu’il a dit ?

ADLER – Il dit que tu as déjà reçu ta ration. Il te dit de t’en aller.

018 – Mais... j’ai droit à la ration double. On m’a dis à gauche : dis-le lui, tout le monde l’a vu.

ALEX – Der lügt schon wieder!

ADLER – Il dit que ce n’est pas vrai.

018 (humblement) – Dis-lui qu’il aille contrôler les fiches : 45018 : fünfundvierzig null achtzen. J’ai échoué à gauche.

ALBERTO – C’est vrai, je l’ai vu moi aussi : il est allé à gauche.

JEAN – Oui, à gauche : moi aussi, j’ai vu

SIGI – Ja, es ist sein Recht.

PORTEUR (à Alex, avec indifférence) – Mag doch sein, Sehen Sie mal nach.

ALEX (contrôlant sur son carton, puis patiemment) – Ja, es stimmt doch. Los, giess ihm noch ein mal.


Le porteur verse à 018 sa seconde ration. 018 va s’asseoir sur le bord d’une couchette et commence à manger. Tous cessent de manger et observent 018 en silence, y compris Alex et les porteurs. Alex, en silence, fait signe aux porteurs de s’en aller, et sort avec eux, qui portent la marmite vide. Pendant, quelques instants, dans le silence général, l’effet sonore de 018 qui mange bruyamment sa soupe ; puis, peu à peu, tous recommencent à manger. Progressivement, on commence à entendre des bruits de cuiller, d’abord discrets, qui raclent les gamelles vides. Kuhn, pendant ce temps, ayant fini de manger est remonté sur sa couchette, imiter par les autres, tandis qu’on entend encore le bruit des cuillers sur le fond des gamelles vides. Il met son béret, s’accroupit à la turque, et commence à prier, balançant fortement son buste d’avant en arrière. Sa prière de remerciement est prononcée sur la cantilène caractéristique des juifs d’Orient. Lentement, le bruit des gamelles diminue, et la prière de Kuhn devient plus nette.
QQue penser de l’attitude  018  est condamné à mort parce qu’il a été « sélectionné » ? Comparer la fin de cet extrait avec la fin du chapitre : « Octobre 1944 », de la version standard et, plus particulièrement, l’épisode avec Kuhn.