Primo Levi : Si c'est un homme
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Dossiers pédagogiques Exemple de mise en œuvre pédagogique
G. de Bosio P. Marché M. Revault d’Allonnes R. Waintrater P. Chaussat C. Biet H. Waysbord
Auschwitz III Monowitz Auschwitz - Birkenau - Monowitz Fossoli Les tatouages La sélection Sonderkommando
De la pièce Expositions
Extraits de films Extraits de textes

Fiche historique : Les tatouages à Auschwitz

Ce texte reprend largement les informations contenues dans Waclaw Dlugoborsku, Franciszek Piper, Auschwitz, 1940-1945, Central issues in the history of the camp, Volume II, chapitre 1 par Tadeusz Iwaszko, éditions du Musée d’Etat d’Auschwitz, 2000, page 22-23. Le livre n’est pas encore traduit en français.

Parmi la série d’épreuves qui accompagnent l’arrivée à Auschwitz dans les bâtiments de réception des nouveaux détenus, rasage, douche, remise des vêtements du camp, le tatouage présenté dès le début de Si c’est un homme ainsi qu’au cours de la pièce de théâtre comme une étape décisive de la perte du nom et de la déshumanisation, est une particularité d’Auschwitz. Dans les autres camps comme à Mauthausen, les détenus portaient à la manière des soldats des plaques sur lesquelles était gravé leur matricule.

Au début de l’histoire du camp, les matricules des détenus étaient inscrits sur leurs vêtements. Les infirmiers de l’hôpital du camp ont alors pris l’habitude d’inscrire au crayon indélébile leur numéro d’immatriculation sur la poitrine des mourants. La Gestapo du camp procédait de cette manière pour les condamnés à être fusillés, avant leur supplice. Mais le nombre de morts journalier à Auschwitz, en particulier avec l’arrivée des prisonniers de guerre soviétiques et la construction de Birkenau, a vite rendu impossibles ces procédures et par conséquent l’identification des cadavres souvent nus. C’est à l’automne 1941 que la direction du camp a décidé de tatouer les détenus en commençant par plusieurs milliers de prisonniers de guerre soviétiques. La technique consistait alors à utiliser une sorte de sceau métallique portant des aiguilles formant des chiffres interchangeables qui pouvaient inscrire d’un seul coup un numéro sur la partie gauche de la poitrine des détenus. A partir de mars 1942, les détenus qui allaient visiblement mourir bientôt furent tatoués de cette manière puis ce fut le tour de tous les Juifs arrivant à Birkenau et sélectionnés pour le travail dans le camp. Au cours de la deuxième partie de l’année 1942 la technique connut une évolution vers une méthode plus primitive mais plus simple : le tatouage se fit à l’aide d’une seule aiguille sur l’avant-bras gauche. Mais quelques détenus de convois de 1943 ont été tatoués à l’intérieur de l’avant-bras.

Au début de 1943, les femmes furent également tatouées. Au printemps 1943 enfin, la totalité des détenus, les nouveaux arrivants comme ceux qui étaient déjà là, furent tatoués, à l’exception des détenus allemands et, en principe, des «détenus de police » et des « personnes à rééduquer ». Mais au cours de l’été 1944, les Polonais déportés de Varsovie après l’insurrection ne furent pas tatoués ainsi même que certains juifs.

Le numéro d’immatriculation était parfois accompagné par une marque précisant l’origine des détenus appelé aujourd’hui « de persécution ». Le numéro de certains juifs pouvait être précédé de la lettre J, le numéro de certains Tziganes de la lettre Z (pour Zigeuner : Tziganes en allemands). De plus, à partir du mois de mai 1944, les détenus juifs furent distingués par deux séries d’immatriculations suivies par les lettres A ou B.

Jean-François Forges