Primo Levi : Si c'est un homme
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Texte : Extrait 17 (les derniers jours)

ARTHUR – On n’entend plus rien!

CHARLES (à Arthur) – Ils sont partis. (À Aldo) Nous sommes seuls.

Pendant quelques secondes, en scène, c’est le silence absolu. Aldo, Charles et Arthur, assis sur les couchettes, tendent l’oreille. Le silence n’est rompu que par la respiration lourde et rauque des trois autres malades.

ALDO (descendant avec peine de sa couchette, pieds nus, se traîne à la fenêtre. Il scrute attentivement dehors) – Nous ne sommes pas seuls. Il y en a quatre, dehors, aux quatre coins. Quatre SS : avec la mitrailleuse pointée... (Il s’écarte de la fenêtre, puis résigné…) vers nous... (À l’extérieur, le sifflement déchirant d’une bombe. Explosion. Bombardement, avec effet d’avions. Les lumières s’éteignent. Bruit de vitres brisées aux portes et aux fenêtres. La lumière n’est produite que par les explosions et les incendies. Schenk se précipite à moitié nu hors de sa couchette et s’étend par terre en hurlant. Autres explosions, la dernière tout près. Obscurité soudaine. Lumière progressive. La scène est comme auparavant. Silence absolu à l’extérieur, seul le sifflement du vent qui fait battre les portes et les fenêtres ; Les vitres sont en morceaux. Tous les malades sont sur leurs couchettes. Aldo se lève avec peine, s’enroule dans sa couverture et va à la fenêtre. Regardant à l’extérieur et tremblant de froid) La moitié du camp est détruite (Un silence) Les SS ne sont plus là. Espérons qu’ils ne reviendront pas. (Se redressant avec peine) Il faut nous remuer, sinon on va mourir de froid. Charles, aide-moi. Et toi Arthur, va chercher des couvertures dans la piaule à côté. (Charles se lève. Arthur se lève : il s’enroule dans sa couverture et sort avec peine) Essayons de fermer les fenêtres, au moins avec des couvertures.

CHARLES (tente, aidé par Aldo, de coincer une couverture dans les fentes de la fenêtre, mais sans y parvenir) – Merde alors! ça ne tient pas.

ALDO – Il faudrait un marteau et des clous.


Arthur entre avec un tas de couvertures sales ; il tient un marteau.


CHARLES (Lui prenant le marteau, le montrant à Aldo) – Juste ce qu’il nous fallait.

ALDO (à Charles) Et les clous?

ARTHUR – Des clous? (Il en sort une poignée d’une de ses poches) – Voici (content, à Aldo) Pas bête, le copain !


Ils commencent tous les trois à clouer les couvertures aux deux fenêtres. Towarowski se dresse et s’assoit sur sa couchette, et les regarde admiratif.


ALDO (à Charles) – Un peu plus tendue, que le vent ne passe pas.

CHARLES – Ca ne servira pas à grand’ chose. Il n’y a plus de chauffage.

ARTHUR – C’est un poêle qu’il nous faudrait!

ALDO Oui, un poêle. Il faut l’organiser: un moment.

(Il écarte la couverture et regarde dehors) Voilà, juste là, devant nous... (A Charles) viens voir, au milieu de ces ferrailles. C’était le baraquement des fonctionnaires. Tu vois? Il n’a pas l’air endommagé.

CHARLES (excité) – Allons-y : (À Charles) Et toi, entre-temps tâche d’arranger la porte.

ALDO (enfilant ses chaussures, à Charles) – Tu ne vas pas sortir pieds nus? Tiens. (Il lui tend son couteau) Coupe deux morceaux dans une couverture, et enroule-les autour de tes pieds.

CHARLES (s’exécutant avec rapidité) – Et pour brûler dans le poêle?

ALDO – Ne t’inquiètes pas. (Il fait signe vers l’extérieur) Dehors, il y a du bois tant que tu en veux : les débris des baraques bombardées. Tu as fini, tu es prêt ?

CHARLES – Presque. Et pour l’apporter ici ? Ce sera lourd.

ALDO – Il y a les chariots de la soupe. (Il sort par le fond avec Charles).

Arthur traîne le banc près de la porte, y monte et commence à clouer une couverture.

TOWAROWSKI (il finit de couper méticuleusement trois tranches de pain de son morceau. A Arthur, d’une voix faible) – Eh... (Arthur n’entend pas et continue à travailler. Towaroski, un peu plus fort) Eh... du! Arthur se retourne, surpris. Towaroski, faisant signe de s’approcher) Chodz tutaj... (Arthur s’approche de deux pas puis s’arrête, soupçonneux. Towaroski, insistant) Chodz ; komm.

ARTHUR (pour lui-même) – Et alors, qu’est-ce qu’il veut, çui-là? (Il reste immobile. Towaroski lui tend une tranche de pain. Arthur, ahuri) Oh bon Dieu! il est... il est… il n’est pas normal.

TOWAROWSKI – Chleb. Brot. (Et il le lui tend encore) Für dich.

ARTHUR – C’est pour moi? Pourquoi ?

TOWAROWSKI (montrant les fenêtres) – Dobra rabota. Gute Arbeit. (Indiquant Arthur) Du Gut kamarad. (Arthur s’approche en hésitant, et accepte le pain, mais ne le mange pas. Towaroski, montrant les deux autres tranches de pain) Twa kamarad, twa brot. (En montrant une) Aldo. Montrant (montrant l’autre) Sarl.


Arthur, embarrassé, reste un instant hésitant, sa tranche de pain à la main. Aldo et Charles entrent, poussant un chariot bas, sur lequel ils ont chargé le poêle, les tuyaux, des morceaux de fer et un récipient. Ils se laissent tomber haletants sur le banc).


ARTHUR (il se retourne et montre la tranche de pain aux deux hommes, puis, encore stupéfait) – Regardez voir!

ALDO (essoufflé) – Eh bien, pourquoi ne le manges-tu pas?

ARTHUR – C’est pas à moi. C’est lui...(Montrant Towarowski) qui l’a donné.

TOWAROWSKI (tendant les deux tranches, et les appelant ) - Aldo, Sarl! Gute Arbeit. Bruder... (Montrant le poêle) Ofen, Oifen, für alle Kommen. Aldo et Charles s’approchent et prennent le pain.

ALDO – Dziekuje. Danke.

CHARLES – Merci.

ALDO (Emu) – Hier, ça ne serait pas arrivé. Au Lager, le pain, on le vole, on ne l’offre pas.

CHARLES (L’interrompant) – Maintenant, il faut le monter.

Tous les trois posent le pain sur leur couchette. Ils descendent le poêle du chariot. Aldo et Charles montent rapidement le poêle près la fenêtre, y enfoncent le tuyau vertical terminé par un coude qui sort par la fenêtre.

ARTHUR (Pendant ce temps il décharge le bois ; sous le bois, il trouve un récipient. Joyeusement surpris) – Tiens, des choux! Une fameuse trouvaille. (Montrant quelques choux) C’est du bon travail pour les bonshommes. Il en donne un à Towarowski) chou. (Faisant le geste d’éplucher) Eplucher! (Riant) Gute Arbeit, gut Kamarad.

TOWAROWSKI (acquiesçant d’un mouvement de tête et commençant le travail) – Da Gut Karacho!


ARTHUR (s’approche de Shenk et le secoue) – Allez, au boulot! (Shenk s’assied en gémissant. Arthur, lui tendant un chou avec les gestes habituels) Tiens, toi aussi, un peu d’exercice, ça va te faire du bien (Shenk s’exécute de mauvais gré. Charles et Aldo, pendant ce temps, bourrent le poêle. Arthur s’approche de Somogyi, le secoue légèrement, Somogyi gémit et reste couché sur un côté) C’est pas la peine d’insister (Secouant la tête) Il est foutu, le pauvre. (Il va s’assoir sur le banc et épluche le troisième chou qu’il met dans le récipient)


CHARLES – Trois choux, c’est un peu maigre.

ALDO – Pour aujourd’hui, nous avons encore du pain. Puis nous retournerons dehors. Il y a d’autres choux, derrière la cuisine. Et aussi un dépôt de patates.

ARTHUR – Des patates?

ALDO – Oui, vous verrez : nous ne mourons plus de faim.

CHARLES – Il nous manque tant d’autres choses : du sel, des récipients... et aussi des médicaments. Nous sommes tous malades. Vous l’avez oublié?

ALDO – Inutile d’y penser. Maintenant, il faut allumer. (Il va à la couchette, et tire sous sa paillasse le petit sac d’étoffe qu’il y avait placé. Il en sort un paquet d’allumettes. Il revient près du poêle. Il tire dessous sa poitrine un morceau de journal. Il allume).

CHARLES (admiratif) – Ton nécessaire!

Arthur prend les choux et les met dans le récipient, puis met le récipient sur le feu. Charles approche le banc du poêle, et tout les trois s’assoient.

ARTHUR (tendant les mains) – Ca fait du bien.

CHARLES – C’est presque comme chez soi. (Un petit silence) Nous y arriverons, chez nous?

Somogyi respire lourdement : peu à peu, le rythme de sa respiration se change en un « jawohl » scandé et répété continuellement, sur différents tons, tantôt plus fort, tantôt plus doucement. Il continuera pendant toute la scène.

ALDO (après un silence général) – Nous arriverons chez nous. (Un silence) Peut-être pas tous.

CHARLES (faisant allusion à Somogyi) – Il es mourant.

ARTHUR – Pauvre vieux! Je crois que c’est fini pour lui.


Au dehors, bruits de motos qui s’arrêtent : dans un haut-parleur, voix excitées d’Allemands.


1ère VOIX D’ALLEMAND – Was macht ihr da?

2ème VOIX D’ALLEMAND – Alle ‘raus, ‘raus, schnell!

3ème VOIX D’ALLEMAND – Hände hoch!


Toujours au dehors, des portes qui claquent, un piétinement, des hurlements coupés par une longue rafale de mitrailleuse. Somogyi, râlant, continue à répéter « Jawohl ». Les voix des Allemands se rapprochent dans le haut-parleur, ainsi que des pas lourds.


1ère VOIX D’ALLEMAND – Noch jemand da?

2ème VOIX D’ALLEMAND – Nein : es ist alles still.

ARTHUR (à voix basse, excité) – (Il faut le faire taire. (Il s’approche prudemment et bâillonne Somogyi).

ALDO – Le poêle. Ils vont voir la fumée.


Charles, sur la pointe des pieds, se précipite vers le poêle. Le haut-parleur très proche, mais tranquille.


3ème VOIX D’ALLEMAND (toujours dans

Sie sin dalle tot. Fahren wir ab!

Bruit de motos qui repartent et s’éloignent. Tous se relaxent. Arthur ôte sa main de la bouche de Somogyi. Le râle étouffé reprend, avec le continuel « Jawohl »)

CHARLES – Qu’est-ce qui s’est passé dehors? Je vais voir.

ALDO – Attends : c’est peut-être dangereux. Charles sort tout de même.

TOWAROWSKI (avec un soupir de soulagement) – Sie sind alle weg. Tous partis.

ARTHUR – Qu’est-ce qu’il dit?

ALDO – Qu’ils sont tous partis. Est-ce bien vrai?

ARTHUR – Faut espérer. (Un silence) Et celui-là qui ne revient pas ! A quoi bon sortir dans un moment pareil!

ALDO (inquiet) – Il pouvait au moins attendre. (Charles rentre, bouleversé, et s’arrête sur le seuil, sans parler. Tous les regardent d’un air intrigué) – Et alors?

CHARLES (après une hésitation, horrifié) – Il y avait dix-huit français... Ils s’étaient installés dans la baraque des SS... ici. Derrière. Ils avaient trouvé à manger... les lits vides... et aussi à boire... bière, wodka... Ils les ont tous tués, sur place, puis ils sont partis.

ARTHUR (apeuré) – Des Français, penses-tu! Des copains peut-être?

ALDO (avec énergie) – Les chaussures!

CHARLES (ahuri) – Quelles chaussures!

ALDO – Les chaussures des morts, celles des Français! Vite, allons les prendre, avant qu’elles gèlent. Ou quelqu’un d’autre y pensera. (Il sort, suivi de Charles).


Somogyi râle plus fort, répétant « Jawohl » d’une voix de plus en plus lourde, mais sur un ton plus haut. Ce sont les derniers spasmes de la mort. Puis il a un sursaut : on dirait qu’il va s’asseoir sur sa couchette, il prononce le dernier « Jawohl », s’écroule mort, tombe de sa couchette sur le plancher. Aldo et Charles reviennent par le fond, tenant un tas de couvertures, de chaussures, de bouteilles et de vestes militaires. Ils restent immobiles, muets.


ARTHUR (tristement) – La mort l’a chassé de son lit.


La lumière disparaît brutalement ; en même temps elle éclaire le chœur.


CHOEUR :

1er HOMME – Le dernier vestige de civilisation avait disparu autour de nous et en nous.

2ème HOMME – Est un homme celui qui tue...

3ème HOMME – Est un homme celui qui inflige ou subit une injustice...

4ème HOMME – N’est pas un homme celui qui, ayant perdu toute retenue, partage son lit avec un cadavre...

5ème HOMME – Celui qui a attendu que son voisin finisse de mourir...

6ème HOMME – ... pour lui enlever ses chaussures

1er HOMME – Elle n’est pas humaine, l’expérience de celui qui a vécu ces jours ...

2ème HOMME – ... où l’homme était une chose aux yeux de l’homme.

3ème HOMME – Nous étions gisants, dans un monde de larves et de morts.

4ème HOMME – Pendant trois jours, par vagues, nous entendîmes le fracas de la Wehrmacht en fuite.

5ème HOMME – Des blindés, des chars « tigres », camouflés en banc...

6ème HOMME – ... Des Allemands, à cheval, des Allemands en bicyclette...

1er HOMME – Des Allemands à pied, armés et désarmés.

2ème HOMME – On aurait dit que ça ne finirait jamais.

3ème HOMME – Mais ça finit : à l’aube du quatrième jour.

4ème HOMME – Nous aurions presque préféré entendre encore quelque chose en mouvement.

5ème HOMME – Le Lager était silencieux.

6ème HOMME – A peine mort, il était déjà décomposé...

1er HOMME – Les fenêtres et les portes éventrées battaient dans le vent...

2ème HOMME –... Les tôles grinçaient, disjointes des toits...

3ème HOMME –... Partout l’ordure, les cadavres nus et tordus.

4ème HOMME – La plaine apparaissait déserte et raide...

5ème HOMME – Mortellement triste...

6ème HOMME – Sous le vol des corbeaux...

1er HOMME – Blanche à perte de vue...

La lumière diminue sur le chœur et éclaire en même temps la scène. Enveloppés dans des couvertures et des chiffons, Aldo et Charles s’avancent à pas pesants, dans la tourmente. Sifflement du vent.

ALDO (montrant le fond de la scène) – Ce doit être là bas, vers le levant.

CHARLES – Il y en aura encore?

ALDO Il y avait deux quintaux de patates, cachées sous terre. J’y étais quand on les a déchargées.

CHARLES – Comment allons-nous les trouver, sous toute cette neige?

ALDO – suivons la piste des autres. Il y en a qui en auront déjà pris.

CHARLES – Quelle piste? Il n’y a plus personne. Tous sont morts. Nous sommes restés seuls.


ALDO (s’arrête, haletant ; ils regardent autour d’eux pour s’orienter) – Elles sont là bas, viens.

CHARLES (touchant l’épaule d’Aldo) – Aldo.

ALDO – Quoi?

CHARLES (indiquant le point d’où ils viennent) – Là, les fils de fer barbelés du camp. (Sans joie, avec stupeur et fatigue). Tu t’en es aperçu ? Nous sommes dehors.

ALDO (lui aussi étonné et fatigué, sans enthousiasme) – Dehors. Hors du Lager.

CHARLES – C’est fini.

ALDO – Il n’y a plus de barbelés entre nous et nos maisons.

CHARLES – Mais elles sont encore si loin...


Ils repartent lourdement dans la direction précédente. Progressivement, dans le haut-parleur, le thème de la prière hébraïque du camp de Fossoli. Quand Aldo et Charles sont sortis de la scène, la musique croît jusqu’au maximum : la toile de fond s’éclaire, la scène est restée vide et nue. La musique diminue. De tous les côtés, asymétriquement, entrent à pas lents, comme des ombres qui reviendraient témoigner, tous les personnages. Ils sont tous habillés en Häftling. A contre-jour, ils prennent chacun une place, n’importe laquelle. Quand tous sont présents et immobiles...


1er PERSONNAGE – Vous qui vivez en sécurité...

2ème PERSONNAGE – ... Dans vos maisons tièdes...

3ème PERSONNAGE – Vous qui trouvez, en rentrant, le soir...

4ème PERSONNAGE – Un repas chaud et des visages amis ...

5ème PERSONNAGE – Réfléchissez : est-il un homme...

6ème PERSONNAGE – Celui qui travaille dans la boue...

7ème PERSONNAGE – Qui n’a pas de paix...

8ème PERSONNAGE – Qui se bat pour un morceau de pain...

9ème PERSONNAGE – Qui meurt pour un oui ou non.

10èmePERSONNAGE – Réfléchissez : est-elle une femme...

11ème PERSONNAGE – Celle qui n’a plus de cheveux, plus de nom...

12ème PERSONNAGE – Plus la force de se souvenir...

13ème PERSONNAGE – Les yeux vides, le sein froid...

14ème PERSONNAGE – Comme une grenouille, en hiver...

15ème PERSONNAGE – Méditez : cela s’est produit...

16ème PERSONNAGE – Je vous livre ces paroles comme un ordre...

17ème PERSONNAGE – Gravez-les dans votre cœur...

18ème PERSONNAGE – Quand vous êtes chez vous, quand vous vous promenez...

19èmePERSONNAGE – En vous couchant, en vous levant...

20ème PERSONNAGE – Répétez-les à vos enfants...

21ème PERSONNAGE – Sinon, que votre maison s’écroule...

22ème PERSONNAGE – Que la maladie vous frappe...

23ème PERSONNAGE – Que vos fils détournent de vous leur visage.


Tandis que la musique s’achève, le rideau descend lentement.

Que deviennent les déportés ayant survécu à l’évacuation du camp et aux massacres qu’ont pu commettre des groupes de SS qui rodaient encore ? De nombreux ont encore décédés de maladie et des conditions de malnutrition qui régnaient encore. L’Armée rouge arrive le 27 janvier au camp et porte les premiers secours. Primo Levi sort peu de jour après. Après avoir traversé Szcakowa et Trzebinia, il pénètre dans Katowice (Bogucice) début février et y retrouve son compagnon de déportation, Leonardo Debenedetti avec qui il écrit le « Rapport sur l’organisation hygiénico-sanitaire du camp de concentration de Monowitz pour Juifs (Auschwitz, Haute-Silésie) » qui est son premier témoignage sur les camps. Ce rapport leur est demandé par l’Armée rouge, de retour en Italie, à partir d’octobre 1945, ils le réécrivent et le publie dans la revue Minerva Medica.